Dixit :
Ce qui ne tue pas rend plus fort. Estimant manifestement que l’industrie automobile française n’était pas encore assez mal en point pour être acculée au grand soir écologique, le gouvernement a choisi de soigner le mal par le mal au risque de tuer dans l’oeuf toute nouvelle ambition haut de gamme.
Arnaud Montebourg, sémillant ministre du Redressement productif, s’était réjoui cet été sur le ton de la confidence que Renault soit bientôt de retour dans le haut de gamme. A voir la nouvelle grille du malus écologique incluse dans le projet de loi de finance 2013, ce ne sera peut-être pas pour tout de suite. Ci-dessous, les nouveaux montants des malus en détails (à partir du 1er janvier 2013) :
Les Malus
- Entre 136 et 140 g : malus de 100 €
- Entre 141 et 145 g : malus de 300 €
- Entre 146 et 150 g : malus de 400 €
- Entre 151 et 155 g : malus de 1.000 €
- Entre 156 et 175 g : malus de 1.500 €
- Entre 176 et 180 g : malus de 2.000 €
- Entre 181 et 185 g : malus de 2.600 €
- Entre 186 et 190 g : malus de 3.000 €
- Entre 191 et 200 g : malus de 5.000 €
- Pour des émissions de
CO2supérieures à 200 g/km : malus de 6.000 €

bande de fou !
Les anciens montants (jusqu'au 31 décembre 2012 ) :
- Entre 141 et 150 g : malus de 200 €
- Entre 151 et 155 g : malus de 500 €
- Entre 156 et 180 g : malus de 750 €
- Entre 181 et 190 g : malus de 1.300 €
- Entre 191 et 230 g : malus de 2.300 €
- Pour des émissions de CO2 supérieures à 231 g/km : malus de 3.600 €
Sans revenir sur l’obsession du CO2 qui prévaut chez les pouvoirs publics français (au détriment des véritables polluants, particules et NOx en tête) et continuera de favoriser le Diesel contre toute rationalité économique et sanitaire, on relèvera simplement que les montants himalayens atteints dans les tranches les plus élevées risquent avant tout de porter un coup fatal aux rares modèles français encore vecteurs d’image et générateurs de marge. Bien pire, cela n’encouragera pas nos constructeurs à en développer de nouveaux, alors qu’Arnaud Montebourg lui-même exhortait cet été les marques françaises à monter en gamme.
Laissons de côté les hybrides Diesel PSA (DS5, 3008, 508 RXH) qui voient l’avenir en rose avec leur « grammage » contenu sous les 100 g et leur surcoût réduit à néant par l’augmentation de leur bonus d’une part, et celle du malus des modèles 100 % thermiques (souvent multiplié par deux ou plus) d’autre part. La Mégane R.S., fleuron sportif tricolore, sera soumise à un malus de 1 500 euros (174 g). Une Citroën C6, aux ventes certes anecdotiques et déjà victime de remises indécentes en concession, verra son prix augmenter de 6 000 euros (190 g) ! Ne parlons pas du seul six-cylindres essence survivant chez nos constructeurs, celui de la Laguna Coupé (230 g, 6 000 euros). Et Renault qui se faisait une joie de ressusciter Alpine avec une auto aux performances dignes du mythique blason dieppois…
Sous couvert d’écologie et de protectionnisme déguisé contre le premium allemand, cette nouvelle grille de malus risque donc en l’état actuel des choses d’accabler encore un peu plus nos constructeurs généralistes en convalescence ; et de les inciter plus que jamais à poursuivre leurs délocalisations, condamnés à réduire drastiquement leurs coûts de production. Si un marché bénéficie bien d’un coup de fouet, ce sera celui de l’occasion. Encore un jeu « perdant-perdant » que l’on pourra mettre au crédit de l’Etat français, dont on attend toujours un plan de relance digne de ce nom.Rappel du marché actuel : Dur dur toujours pour le marché automobile français. Les chiffres d'octobre montrent une nouvelle baisse des immatriculations en France : -7,8%. Un recul qui affecte surtout les constructeurs français, pendant que les marques étrangères gagnent du terrain sur le marché français.
Les chiffres publiés vendredi par le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA) confirment que la baisse des ventes se poursuit : en octobre, les immatriculations de voitures neuves ont une nouvelle fois reculé de 7,8%. Au total, 162.411 voitures ont été immatriculées le mois dernier.
Dans ce contexte morose, les constructeurs français souffrent particulièrement : le groupe PSA a enregistré une baisse de 5% en octobre en données brutes, avec une recul de 5,1% pour la marque Peugeot et de 4,9% pour Citroën. Le groupe Renault a vu pour sa part ses immatriculations chuter de 26,4% avec une dégringolade de 27,2% pour la marque au losange et une baisse de 22,6% pour la marque low cost Dacia. Cette mauvaise performance s'explique par la conjonction de trois facteurs, a expliqué une porte-parole : la chute globale du marché, le renouvellement de la gamme et un effet de comparaison défavorable "qui se poursuivra encore en novembre". Le deuxième constructeur français a connu au printemps 2011 des problèmes d'approvisionnement sur un moteur diesel puis un effet de rattrapage avec un niveau très élevé de ventes à l'automne suivant.
Les groupes étrangers globalement en hausse
Les groupes étrangers, à l'inverse, s'en sortent mieux, avec des immatriculations totales en hausse de 2,5%. Les groupes ont toutefois connu des trajectoires opposées. Les américains General Motors et Ford ont eu des ventes en baisse de 7,7% et 10,2%. Le premier vient d'annoncer la suppression de 2.600 emplois cette année en Europe, où ses pertes s'aggravent et le second prévoit de supprimer trois usines sur le continent. L'italien Fiat (-8%), le japonais Nissan (-2,9%) et l'allemand BMW (-3,3%) ont aussi souffert. Le géant européen Volkswagen, qui vient de lancer sa nouvelle Golf, a vu à l'inverse ses immatriculations progresser au niveau du groupe (+3,4%). Le japonais Toyota a bondi de 19,4% et l'allemand Daimler (Mercedes et Smart) de 33,2%. Le sud-coréen Hyundai-Kia continue sur sa lancée (+20,8%). Cette progression inquiète le gouvernement français, qui avait demandé la mise sous surveillance des importations de véhicules en provenance du Corée du Sud. Cette demande a été rejetée fin octobre par la Commission européenne.
Ce nouveau recul des ventes de voitures neuves s'inscrit dans une tendance lourde pour le marché français : en septembre déjà, les immatriculations de voitures neuves avaient baissé de 18,3% en données brutes, et de 10,1% en données corrigées des jours ouvrables. Au cours des 10 premiers mois de l'année, le marché automobile est ainsi en baisse de 13,3% (-13,7% à jours comparables). Pour l'ensemble de l'année, le Comité des constructeurs français d'automobiles table sur un recul des immatriculations de 12%. "Nous espérons que notre prévision ne soit pas trop optimiste", a toutefois averti un porte-parole. "L'arrivée de la Clio IV de Renault pourrait un peu relancer le marché sur la fin de l'année", espère-t-il. Cette nouvelle citadine sera en concurrence avec la Peugeot 208. Traditionnellement, ce type de véhicule fait partie des modèles les plus vendus en France.