Salut,
Bon, grosse journée hier, trois heures de visite, dont un certain temps seul avec l'auto, mieux pour ressentir les choses et "s'y voir ou pas"...
Je vais tâcher d'adopter la plus belle neutralité et m'y tenir...
A l'ouverture de la porte du garage, le choc, la même palpitation en découvrant l'affaire, les mêmes battements que seules la 914, la 944 et la 308 ont su me donner... La voiture est énorme, une imposante tomate rouge, très surpris par le gabarit immense, le même épatement, voire empattement, que devant une 246 ou une 308, qu'on croit "mignonnes et petites"... On est très loin de la minuscule 914 ou de l'A110, on est face à des mensurations impressionnantes, 1.90 m de large et de la longueur, bref on est devant une Corvette C5, du moins en encombrement...
Ce ne sera pas la petite auto maniable...
L'auto en jette assurément, mieux qu'en photos. Le gel-coat est presque parfait, épais, profond, sonnant presque comme de la ferraille, et le rouge Ferrari est superbe, bien que globalement micro-rayé de partout. L'allure générale renvoie tout ce qui roule à de la banalité, vue, revue et réchauffée... L'auto est bien finie, disons qu'elle répond à son époque révolue, quelques détails de carrosserie à revoir, petite grille à l'avant, fixer l'immatriculation, voire même où la fixer, rien de méchant... La ligne est pure, pas de torture, pas de fioritures détaillées, c'est "d'un bloc"... Le propriétaire ne manque pas d'illustrer son ovni avec quelques anecdotes, préférant faire le plein aux bidons, dans son garage, plutôt que de créer l'émeute à la station service...
Bref, le proto du Mans, copie de la Mac Laren M6 est très beau, du moins JE le trouve très beau.
Mécaniquement, châssis plateforme (de la Cox...) et intérieur ont été refaits, dossier à l'appui et vendeur en bleu de travail pour preuve... L'intérieur est "kitsch", on respecte l'année 1969, date de la CG, cockpit reconstruit il y a deux ans par un sellier... L'auto a du mal à démarrer, n'ayant pas tourné depuis l'été. On lève le long capot, on le maintient debout en faisant gaffe à ne pas flinguer les feux qui touchent le béton, des vérins seront posés par la suite, activés depuis l'intérieur... Sans ça, seul, on lève que dalle et faut penser à la hauteur sous plafond... Pour bosser sur le moteur, il faut "simplement" démonter le panneau et le poser contre un mur, facile !

Il y a un coffre à bagages, sous la plateforme, entre la BV et l'habitacle, une sorte de double-fond secret... Bref, faut plusieurs minutes pour accéder à ses affaires de voyage, soit une trousse de toilette et un slip de rechange...
Les dessous sont impeccables, ça sent le "juste fini" de chez Wheeler Dealers...
La garde au sol, en passant, est quasiment absente, le carter moteur touche presque le sol, des fusées décalées, sans doute, je passe tout juste la tranche de la main... Devant un dos d'âne, je suppose qu'il faut demander au gars de derrière de reculer...
Un peu de Start-Pilot, puis ça y est, ça tourne. Toutes les jauges et compteurs fonctionnent. On ne reconnaît pas le bruit du 1300 VW, mais une sonorité musclée surprenante et bien agréable qui me renvoie à un jardin que je connais par coeur... Le moteur, on ignore son état et son âge, d'ailleurs... Il fonctionne, c'est tout, même si la pompe à essence à membrane est faiblarde...
La BV, idem, on sait pas...
Mais, tout ça, je n'y pense pas, ça se bricole vite fait, au cas où...
Les papiers sont en cours, me dit le vendeur. Je le crois, d'autant qu'il me montre d'autres autos de sa collection, toutes dotées d'une CGC mentionnant bien la marque et le type de modèles hors du commun ! La Montage sera immatriculée dans quelques temps, pas de raison, le papier FFVE est là...
Bon, temps de monter, de descendre, de se glisser, de tomber, de se faire mal, de se tordre, d'hésiter, c'est comme on veut... Je comprends ce que le Juge Hardcastle a dû endurer et pourquoi la Coyote a été larguée...
S'installer au volant est problématique. On ne peut pas le faire sans mettre un pied sur le siège, surtout en remontant à la surface... Les pédales sont trop loin, le dos du siège est trop loin, ou alors je suis trop petit, avec mon mètre 77... Je débraye du bout des orteils en m'accrochant au volant... Si je me mets dans le fond, je ne touche plus les pédales... Pas top... Siège fixe, presque couché, aucun réglage possible... Adios le coude à la portière et la route pépère, la ligne de la portière étant au-dessus de la hauteur d'épaule... On est dans un trou et on regarde vers le haut des ouvertures de vitres pour voir le ciel... Vue arrière, y en a pas, la lunette arrière étant bien trop haute pour le niveau des yeux... Bref, c'est très décevant et négatif... Ce ne sera décidément pas la petite auto agile, mais le camion qui n'en a pas l'air...
Entrer, passons, et l'élytre se referme avec un "clong" rassurant... Tout "tient ensemble", expression de rigidité indiscutable... Sortir, il faut passer le bras par la vitre absente pour atteindre le cliquet extérieur... Le souci, c'est qu'on ne peut donc pas remettre de vitres latérales, ou il faut demander l'aide d'un passant pour sortir. Nul. Donc, c'est une voiture sans vitres...
La grosse bulle avant est en verre, bon point. Mauvais point, le sauna estival que j'imagine, d'où le Targa T-Top permanent. Excellent pour les gilets jaunes et autres malveillants... L'auto est pourvue d'une vieille clim', à "rebrancher"... Le chauffage, lui, est là.
Les joints de "portes" sont absents, le jour sur tout le pourtour. Le vendeur en cherche...
Le volant est petit, les pneus en 245 sont... Ils sont, quoi... L'arrière est en 295... Le rayon de braquage est "élargi" par rapport à la norme, avertit le vendeur...
Je m'interroge aussi sur les pièce de carrosserie, sur LA pièce, puisque moulée d'un bloc, comment on fait en cas de casse... Ne serait-ce que pour un feu arrière... L'assistance sèche un peu, mais "ça doit se trouver, ce doit être des feux communs à la production américaine 1969...".
Je m'interroge et interroge le propriétaire sur la conduite de l'auto, c'est quand même bien là le GROS point à voir... Pas moyen de tester, pas de papiers, logique. Le gars est cash, "Si t'as déjà conduit une Cox, c'est une Cox, c'est tout, avec une tenue de route légèrement meilleure".
J'ai eu une Cox 1300, en 2005, "la même", j'en ai déjà parlé...
Mes besoins, demande le monsieur ? Ben, c'est pour faire 1200 bornes en deux jours, sinon, c'est pas la peine...
Cash encore, il ne me cache pas que ce n'est pas fait pour ça, c'est pour sortir à l'occasion, quand il fait beau...
Le trajet retour, associé aux bouchons parisiens, m'a donné une migraine carabinée. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
Retour 21h, je me précipite au sous-sol, je débâche la 914 et m'dis, "'tain, c'est quand même autre chose, une '14 !"... Petit, mignon, détaillé, fin, etc, etc, une Porsche classique, quoi !
Je file ensuite vers la 944 pour retrouver sa ligne et son arrière trapu... Ouf !
La Coyote me revient aux yeux, grossière, massive, sans accessoires, à part les deux rétros obus, l'allure d'un gros jouet en plastique enfantin, mais unique en son genre...
Au delà du budget, comme dit Nelson, et encore, comment quantifier un prix, sachant que la performance ne fait pas tout, il y a l'aspect utilitaire de l'engin à déterminer, si tant est qu'il en ait un...
Bref, une auto à acheter pour "dire de l'avoir", s'emmener de temps à autre en courte promenade quand l'esprit et le corps y sont, posséder un morceau de légende adolescente télévisuelle, que tout le monde a oublié, ou presque...
Photos à suivre...
Thanks for reading.