Bon, repartons vers le nougat quelques instants...
2h, j'arrive à Montélimar, en ce mardi matinal... Entrée par l'arche centrale, 15/20 km/h dans la petite rue... Au bout, problème, un sens interdit devant moi et une interdiction de tourner à droite, ben, keskonfait maintenant ?... J'avais repéré une rue à gauche un peu avant... A l'idée, Johnny, de cette marche arrière, un véhicule est juste derrière, apparu comme par magie. Une lumière bleutée se met à danser... Bon, ce sont "eux". Pas bon, en fait. Appel de phares, j'avance donc sur dix mètres et me gare dans le sens interdit... Je baisse ma vitre et m'empresse de dire que j'ai bien vu le panneau mais que j'étais bien obligé d'avancer... Le droit à la parole m'est coupé, le policier est déjà dehors à m'intimer de couper le moteur et les papiers et Cie, et leur voiture me coince en queue de poisson, façon grand bandit...
"J'voulais pas entrer dans cette rue, hein, j'ai bien vu l'panneau, mais vous étiez derrière !"
"C'est un sens interdit, Monsieur, descendez de véhicule !"
"Mais alors, comment on fait quand on arrive là, puisqu'on ne peut ni aller devant ni tourner ?"
"C'est en sens interdit depuis longtemps, Monsieur, depuis au moins 200 mètres !"
"Ah ?... Ecoutez, sincèrement, je n'ai rien vu ! Pourquoi j'prendrais un sens interdit alors que vous êtes derrière moi ?"
"On vous suit depuis un bout d'temps, en fait ! Vous roulez lentement, vous êtes fatigué ? Vous avez l'attestation d'assurance ?"
Son collègue fait le tour de l'auto, éclaire l'intérieur, inspecte les vignettes, appelle le poste pour vérifier les papiers... J'me sens mal... ça m'rappelle l'embuscade de St Tropez, en 2015...
"Vous n'avez pas de siège passager ?"
"Euh, c'est pour mon chien, et puis je gagne du poids..."
"Pourquoi vous voulez gagner du poids ?"
"Pour mieux accé... Euh, pour avoir plus de place !"
Là, le temps est long, je cherche et cherche, je suis à quatre pattes dans l'auto, je ne retrouve pas ma pochette de papiers alors que je viens de la présenter...
"Bon, vous avez votre attestation ?"
"M'enfin, c'est du sketch, j'viens d'vous donner la pochette !"
"Je vous l'ai rendue, Monsieur !"
Là, je reprends confiance et commence à prendre le dessus moralement en le tournant à la De Funès....
"Ecoutez, je suis parti ce matin, à 7h, j'ai tout préparé, j'suis pas fou de rouler sans papiers ! On va tout retrouver, on a le temps, éclairez l'intérieur avec vos torches !"
"Pourquoi vous ne prenez pas l'autoroute ?"
"j'la prends jamais !"
"Et que faites-vous dans le centre, à 2h ?"
"je visite !"
"Mais tout est fermé !"
"C'est pour l'architecture !"
Je cherche toujours la pochette, "Noir sur noir, je ne la vois pas, mais au matin, on la verra !", j'explique aux deux...
"Et vous allez où ?"
"Toulon, et j'ai mes 12 points !"
Le ton radoucit, je cherche toujours mes papiers et le gars s'impatiente... "Bon, allez, allez, c'est bon, on va vous remettre dans la circulation, suivez-nous !". Je sens les deux fonctionnaires compatissants, comme s'ils étaient tombés sur un cas...
Là, je pense qu'ils m'emmènent quand même au poste pour me coffrer, comme le tropézien qui se marrait en me rédigeant les 90 euros...
"Vous allez me verbaliser ?"
"Allez, c'est bon, circulez, mais reposez-vous !"
On sort de la ville étroite et je retrouve la pochette, noire, posée sur le TDB, noir aussi...
En un mot, je remercie ces deux policiers normaux. Ils auraient pu m'aligner, sachant, comme ils disent, que 80% des infractions sont involontaires, mais bel et bien commises...
Une autre réflexion m'est apparue, concernant l'image floue... Une 44, ainsi attifée, véhiculait surtout l'image d'un marginal démuni...
